Les friches en Grand Est

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La question des friches est un sujet d’étude primordial pour la Plateforme du foncier. Les friches sont au cœur de nombreux enjeux complexes et variés (biodiversité, santé, attractivité…) et elles représentent des opportunités foncières de développement.

Les friches en Grand Est

Le Grand Est est une région historiquement productive dont la désindustrialisation a laissé de nombreuses traces : friches sidérurgiques, de l’industrie textile, minière etc. Si la déprise industrielle a été brutale et traumatique pour les territoires, l’évolution des espaces urbanisés conduisent également à l’apparition de nombreux autres types de friches : militaires, administratives, ferroviaires, hospitalières, de villégiature et enfin des friches commerciales.

La question du recensement des friches est souvent traitée dans les documents d’urbanisme mais peut aussi prendre la forme d’initiatives locales telles que : l’Atlas interactif des friches en Lorraine de l’EPF Grand Est, l’observatoire de la DDT des Ardennes, l’observatoire du SCoT des Vosges Centrales

En Grand Est le réseau d’acteurs travaillant sur la gestion et la requalification des friches avec les territoires est actif : l’État, la Région Grand Est, l’ADEME, les deux établissements publics fonciers… De plus, il existe des plateformes de recherche et d’expérimentations sur le sujet : notamment le GISFI (groupement d’intérêt scientifique sur les friches industrielles). Des outils et initiatives nationaux existent également (par exemple la synthèse des inventaires Cartofriches par le CEREMA).

Les friches : un enjeu multiple pour nos territoires

Pour travailler sur les friches et leurs enjeux, la Plateforme du foncier a proposé de s’entendre sur une définition de “friche urbaine” (distincte de la “friche agricole”) :

  • Friche urbaine : Espace artificialisé bâti ou non, connaissant une absence temporaire d’activité et nécessitant une impulsion publique et/ou privée afin d’être reconverti. Cette absence d’activité peut s’inscrire dans un temps court ou un temps long. La friche urbaine est un élément du cycle foncier et a pour objectif de s’insérer dans un projet de reconversion. En fonction de son activité précédente, elle peut être qualifiée de commerciale, industrielle, militaire…

Ensuite, si elles sont si complexes à appréhender c’est parce que les friches sont au cœur de nombreux enjeux variés, et que leur présence sur un territoire pose en général un certain nombre de problèmes. Elles représentent à la fois des risques

  • Pour la santé publique et la biodiversité : car ce sont des espaces sensibles, avec des risques de transferts de polluants divers dans l’environnement (dans les sols et les eaux de surfaces ou souterraines notamment) ;
  • Pour la sécurité : car ce sont des espaces bâtis et dégradés qui peuvent être dangereux (présence de machines, bâtiments dégradés, sous-sol instables, remontées de gaz ou de nappes phréatiques…) ;
  • Pour l’attractivité du territoire : car ce sont des espaces dégradés qui peuvent déprécier la valeur foncière et immobilière alentour et donner une image négative du territoire.

Mais elles représentent aussi de réelles opportunités :

  • Pour un développement urbain plus sobre en foncier : puisqu’il s’agit d’espaces de potentiel développement déjà artificialisés et parfois déjà aménagés, et souvent en continuité avec le bâti existant, parfois avec une très bonne localisation, ce qui permet d’éviter de développer les espaces urbains en extension qui consomment des espaces naturels agricoles et forestiers (NAF) ;
  • Pour réduire les déplacements : puisque reconvertir certaines friches dans les espaces urbanisés permet de limiter l’étalement urbain et ses nécessaires déplacements souvent réalisés avec des modes de transport polluants ;
  • Pour la biodiversité : puisque ces espaces abandonnés peuvent être regagnés par la nature et abriter un riche écosystème, voire des espèces menacées ;
  • Pour ramener la nature en ville : lorsque la déminéralisation d’espaces urbanisés peut permettre de végétaliser la ville avec des conséquences positives telles que la régulation du phénomène d’« îlots de chaleur urbains » (-1°C selon l’ADEME en 2020), et l’amélioration de la qualité de vie ;
  • Pour le patrimoine : puisque ces sites ont souvent été des lieux de vie symboliques pour la communauté, et les témoins d’une époque notamment à travers son architecture, ils peuvent représenter un héritage patrimonial à préserver et valoriser ;
  • Pour le développement d’énergies renouvelables notamment via l’implantation de panneaux photovoltaïques qui nécessitent de grands espaces pour être installés.

Il existe une multiplicité de situations notamment au niveau de la difficulté et du coût de reconversion en fonction de la localisation, de l’état du bâti, de la pression foncière locale, de la présence ou non de pollution… Une étude spécifique au site est nécessaire pour définir la meilleure solution pour l’avenir de cet espace abandonné (la renaturation étant également une reconversion possible). Et une solution d’occupation transitoire du site peut permettre de laisser du temps au territoire pour envisager un avenir réaliste.